Egletons ( la ville )

La commune d’ Egletons située en Corrèze est composé de 5 172 habitants en 2012 dont voici un petit descriptif de la communeegletonsweb

Situation par rapport au département de la Corrèze :

situegletons

Le blason de la commune :

egletonsdrap

Le site web de la commune :

http://www.mairie-egletons.fr/

Histoire de la commune suivant le site ci-dessus et wikipédia :

Admirablement située sur les premiers contreforts du Massif central, au coeur de la Corrèze, Egletons la corrézienne, est une très ancienne cité d’origine celte dont le nom semble venir du mot « gloton » désignant le chardon, plante qui devait alors proliférer sur les terres humides des abords de la cité. Cette antique et importante cité gallo-romaine et médiévale devient en 1059 la capitale de la puissante famille de Ventadour. Dès le XIIe siècle la ville prend de l’importance grâce à ses foires.

C’est au Moyen-Age, sous la lignée des Ventadour dont le château dresse encore ses imposants vestiges à quelques kilomètres, qu’Egletons connut son âge d’or.

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Depuis leur imposante forteresse, véritable nid d’aigles sur un piton rocheux les Ventadour vont faire la fortune d’Egletons. Ils vont assurer la prospérité de la cité et être à l’origine d’une riche tradition d’art et de culture, celle de la « Fina Amor » : la poésie des troubadours, que le plus célèbre d’entre eux, Bernart de Ventadour, a su chanter à travers l’Europe portant ainsi de par le monde les plus belles expressions de la langue d’Oc.

Egletons conserve encore aujourd’hui des restes de cette époque, avec ces remparts aux cinq portes portant les armes de Ventadour, un clocher du 12éme siècle armé de mâchicoulis, sa chapelle des Pénitents et son église Saint-Antoine.

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Depuis le début du XXe siècle, Egletons reste fidèle à sa devise « Inania Pello » (je rejette les choses vaines) et continue son extension avec le tracé des boulevards, la construction des grandes écoles, mais préserve les vestiges de son riche passé : l’enceinte murée dans laquelle est enchâssé le blason, l’église au clocher-donjon du XIIIe siècle à mâchicoulis, ses croix et ses fontaines, ses rues étroites et concentriques de la cité médiévale.

En août 1944, se déroula la bataille d’Égletons ( voir article ci-dessous). Les combats féroces, les destructions nombreuses et le courage des habitants lors de la lutte pour la libération de la ville.

Fleuron de la culture au Moyen Âge, Egletons a su perpétuer cette tradition en devenant un véritable centre universitaire, dynamique et performant. Avec la création d’un IUT et l’ouverture de l’Ecole d’Application aux métiers des Travaux Publics (E.A.T.P.), un établissement unique en France, c’est autour du pôle Génie Civil que la ville a établi sa réputation. Autant d’investissements qui contribuent encore aujourd’hui au rayonnement et à la renommée de cette cité bien au-delà de nos frontières.

Enfin, si l’on rajoute à cela qu’Egletons c’est aussi une nature préservée, belle, intacte et sauvage où le visiteur découvrira des traditions perpétuées (artisanat, gastronomie…) et sera séduit par l’accueil chaleureux de ses habitants, on comprend mieux alors comment, en s’appuyant sur les richesses du passé, cette cité se projete vers l’avenir.

La bataille d’ Egletons en Aout 1944 :

Cette bataille vaudra à la ville, la citation à l’Ordre du Corps d’Armée avec l’attribution de la Croix de guerre avec étoile de vermeil (11 novembre 1948).

La bataille d’Égletons se déroule du 3 août au 20 août 1944. Arrivée le 3 août à Égletons (Corrèze), une colonne de la Wehrmacht est accrochée par les FFI. Les combats entre les forces terrestres allemandes et alliées, secondées par l’aviation, vont être rudes. De nombreux bâtiments sont incendiés. Les Allemands contrôlent finalement la ville le 19 août, mais la quitte le 20 août.

 

 

Déroulement de la bataille :

  • 2-3 août 1944 : marche d’une colonne allemande en direction d’Égletons

Une colonne de la Wehrmacht, bataillon du 194e régiment de sécurité, est composée d’une cinquantaine de véhicules différents (automitrailleuses, voitures blindées, canons, …) et d’environ 300 hommes. Elle vient de Sète et se dirige vers Clermont-Ferrand avec la volonté de rejoindre le département de l’Allier en passant par la RN 89. Elle passe donc par les villes de Tulle, Égletons et Ussel. Le 2 août 1944, cette colonne allemande se trouve à Tulle.

Le 3 août 1944, vers 11 heures, elle part en direction d’Égletons. Elle est surveillée de très près par les FFI. Les résistants ont en mémoire les évènements tragiques qui se sont déroulés en juin 1944 à Tulle et à Oradour-sur-Glane.

La Résistance, pour retarder ou empêcher l’avancée de ces forces allemandes, a saboté plusieurs routes en les parsemant d’obstacles. Malgré les efforts des résistants, la colonne essuie plusieurs embuscades sans encombre (près de Gimel, à la Bitarelle, puis aux alentours de Corrèze).

Dans l’après-midi du 3 août 1944, la Wehrmacht arrive à Eyrein. Après une courte pause, et suite aux accrochages de la matinée, la colonne quitte la RN 89 pour prendre le réseau secondaire en direction de Vitrac. Cependant, quelques embuscades ont lieu, deux maquisards sont d’ailleurs fait prisonniers. Les Égletonnais sont au courant de l’approche de cette colonne allemande. Inquiets, ils se rassemblent dans les rues.

À Vitrac, les Allemands prennent la direction d’Égletons, une nouvelle embuscade les attend à Seugnac près de Rosiers-d’Égletons. De plus en plus anxieuse, une partie de la population d’Égletons décide de quitter la ville pour se réfugier à la campagne.

La Wehrmacht arrive aux portes d’Égletons à 23 heures et atteint l’École Nationale Professionnelle (ENP). Le commandement allemand a choisi le grand établissement scolaire pour s’y s’installer. L’ENP est une construction récente. Elle est entourée de larges allées et d’espaces ouverts, ses bâtiments émergent nettement et dominent les environs. De plus, les gaines techniques, souterrains reliant les bâtiments entre eux, sont un atout majeur pour l’occupant. En outre, l’établissement est facilement reconnaissable par l’aviation. Toutes ces qualités en font un campement sûr et défendable.

 

La Mairie en Aout 1944

La Mairie en Aout 1944

  • Du 4 au 13 août 1944 : calme relatif avant la bataille

Le 4 août 1944 est la première journée de présence de l’unité allemande à Égletons. Un des chefs de la colonne de la Wehrmacht rend visite à M. Guinot, premier adjoint au maire de la ville, l’entretien est correct. L’attitude des allemands, face à la population, reste passive. Les jours suivant l’installation des allemands à l’ENP, ils effectuent plusieurs sorties autour d’Égletons et des communes voisines pour évaluer la situation. Ils se rendent compte que toutes les routes sont surveillées par les Résistants, ils subissent d’ailleurs plusieurs embuscades lors de ces missions de reconnaissance (cf. la carte ci-contre). À Égletons, les allemands prennent aussi possession du central téléphonique de la poste afin d’essayer d’intercepter des messages et d’empêcher les FFI de communiquer. Le 10 août 1944, ils ne le quittent qu’après l’avoir neutralisé. La garnison se sentant menacée par les FFI, elle fortifie l’ENP. en aménageant notamment des tranchées. Le manque de pain se fait sentir. Les Allemands se servent en nourriture dans la ville. La population qui n’a pas encore quitté la ville, semble pour partie indifférente. Certains comportements trahissent, tout de même, une nervosité grandissante. Le 9 août 1944, au Puy-Foissac, les Allemands incendient les bois après avoir subi des tirs de membres embusqués des FFI. Dans la foulée, le commandant allemand demande à ce que le premier magistrat de la commune, encore en place, publie un avertissement destiné à la population égletonnaise : […] si une agression était commise envers les troupes allemandes, la maison ou le quartier d’où l’agression a lieu, serait incendié. Les hommes et même les femmes et les enfants se trouvant dans les rues seraient fusillés. Le lendemain, après cette publication, la nervosité et l’inquiétude des Égletonnais augmentent. À nouveau, de nombreuses familles veulent quitter la ville. Les Allemands sont sur leurs gardes et la vie à l’intérieur de l’ENP devient de plus en plus difficile pour le personnel de l’école qui est contraint d’être à leur service. Un régime d’internement se met en place : interdiction de sortir, déménagements, etc. Les soldats allemands surveillent toujours plus attentivement les abords de l’école.

Le 12 août 1944, les troupes alliées se trouvent seulement à 70 km de Paris. Les troupes de l’occupant manifestent alors une inquiétude grandissante, la garnison de l’ENP n’échappe pas à la règle.

Le 13 août 1944, les FFI font passer un message de demande de reddition aux allemands. M. Guinot accepte, après une compréhensible hésitation, de jouer le rôle d’intermédiaire. Les occupants refusent la proposition. Une rumeur court : les combattants de la libération attaqueraient bientôt l’ENP…

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Route D’ Ussel ( Av Charles de Gaulle )

  • 14 et 15 août 1944 : début de la bataille.

Le 14 août 1944, la rumeur prend forme. Vers 6 heures du matin, les FFI qui ont pris position dans les villas qui font face à l’ENP, mitraille l’établissement. Environ 1 100 hommes prennent part au combat. La riposte allemande ne se fait pas attendre et les soldats de la Wehrmacht s’empressent de barrer toutes les issues de l’enceinte de l’école. Dans la matinée, une première villa est détruite par le feu, c’est celle du Docteur Chassagnard. Les Allemands conduisent le personnel de l’école dans la cave et leur interdisent d’en sortir. Les résistants français veulent incendier l’ENP. Vers 16h30, touchée par une torpille PIAT, l’école prend feu. L’incendie dure deux heures environ. Les Allemands sont impuissants face à ce sinistre car les combattants de la libération ont coupé l’eau dans toute la ville.

Les Allemands acculés attendent des renforts, mais ces derniers ont annoncé leur retard. Un premier avion allemand apparait tout de même le 15 août 1944 autour de 8h30. Il mitraille l’avenue de la gare et lâche plusieurs bombes sur les villas qui la bordent. Il s’éloigne ensuite en direction d’Ussel. Après son passage, les échanges de tirs au sol reprennent de plus belle. Les FFI font appel aux délégués de la Commission militaire interalliée qui sont installés dans une villa à côté du groupe scolaire Albert-Thomas. Les officiers parachutistes français, largués durant la nuit du 10 au 11 août 1944, sont en liaison directe avec Londres. Ils sollicitent l’aide de l’aviation alliée (anglaise) : un parachutage d’armes lourdes est demandé ainsi que l’appui de bombardiers. Ces parachutistes apportent aussi leur expérience du combat les jours suivants. Plusieurs autres avions allemands (type Junkers Ju 88) vont survoler, bombarder et mitrailler la zone de combat durant toute la journée du 15 août 1944. Plusieurs bombes sont aussi lâchées. La villa du juge Chassagnard et la villa « Lorraine » sont toutes les deux victimes d’incendies. À la fin de cette journée, une forte pluie s’abat sur la ville. Avec la nuit, petit à petit, le calme s’installe… La presque totalité de la population égletonnaise a quitté la ville.

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Place du Marchadial aprés le 20 Aout 1944

  • 16 août 1944 : bombardement de la ville par la Luftwaffe

Le 16 août 1944, toute la matinée, les tirs continuent de chaque côté de l’avenue de la gare, les avions allemands tournent toujours autour de la zone de combat à très basse altitude en mitraillant tout ce qui se présente à leur vue.

En début d’après midi, des avions bombardiers allemands, provenant de la base aérienne d’Aulnat dans le Puy-de-Dôme, commencent à lâcher des bombes sur la ville. Autour de 17 heures, un camion venant par la route de Saint-Yrieix-le-Déjalat emmène environ 25 hommes de troupes français qui ont été parachutés. Ils sont conduits sur la zone de combat et s’y installent. Vers 19 heures, un camion transportant une vingtaine d’hommes des FFI traversent la place du Marchadial en direction de la Grand’Rue. Des avions allemands (des Focke-Wulfs) s’approchent à plein gaz, plongent sur le centre ville et lâche des bombes par deux fois. Deux hommes sont tués sur le coup. Une maison est entièrement détruite, des incendies se déclarent, d’autres parcelles du centre ville sont partiellement détruites, l’Hôtel de Ville est touché, des dégâts sérieux sont causés à l’église. Un avion continue à tourner sur la ville et tente de repérer les positions autour du groupe scolaire Albert-Thomas. D’autres bâtiments, maisons, granges ou ateliers, sont touchés par les bombes.

Aux environs de 20 heures, l’aviation allemande s’éloignent. De larges et sombres colonnes de fumée, visibles à plus de 20 kilomètres à la ronde, s’élèvent lentement vers le ciel. L’eau ayant été coupée plus tôt, les pompiers sont dans l’impossibilité d’intervenir. L’incendie dévore entièrement l’hôtel de ville, les autres bâtiments touchés subissent le même sort. En soirée, de fortes pluies tombent sur la ville et contribuent à l’extinction des flammes.

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ENP Avant le bombardement

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ENP aprés le bombardement

  • 17-21 août 1944 : colonne Jesser et R.A.F (Royal Air Force).

Le 17 août 1944, les fusillades entre les deux camps continuent. Vers 9 heures 30, un messager à bicyclette, venant de Soudeilles, informe les officiers de l’Armée Secrète (AS) qu’une colonne allemande d’environ 130 véhicules arrive du Cantal. Elle aurait pour mission de débloquer les unités allemandes d’Ussel, Égletons, Tulle et Brive. En même temps, un lieutenant Francs-tireurs et partisans (FTPF – FTP) demande, à l’aide d’un véhicule de pompier muni d’un haut-parleur, à la garnison allemande de se rendre. Durant toute la journée, les avions allemands lâchent des bombes et mitraillent la zone de combat. En soirée, les parachutistes, les maquisards et une unité de gardes mobiles lourdement armée qui vient de rallier la Résistance décident ensemble que les nouveaux venus porteraient la première attaque à 4 heures du matin. Un chef FTP ne respecte pas l’accord et mène, avec ses hommes, une attaque à 3 heures du matin. Rapidement repoussé, leur déroute entraine le repli de nombreux autres maquisards. Les SAS et gardes mobiles restent et attaquent la garnison ennemie qui résistent bien.

Le 18 août 1944, en début de matinée, un messager des FFI arrivant de Soudeilles traverse en hâte la place du Marchadial et annonce que la tête de la colonne allemande a dépassé Maussac et se dirige apparemment vers Lamazière-Basse. Cette colonne allemande est la brigade du redouté Général Kurt Von Jesser. Elle était destinée à la répression et à l’anéantissement des maquisards auvergnats et limousins. Cette colonne disposait d’une supériorité écrasante en hommes et en moyens : elle comporte entre autres des unités d’artillerie, antichars, rapides, motorisées, d’aviation de frappe et de reconnaissance. La férocité de ce groupe de combat (Kampfgruppe) est renforcée par la présence d’unités SS. La forte colonne rencontre plusieurs embuscades dès la sortie d’Ussel. Pendant son trajet jusqu’à Égletons, elle est plusieurs fois immobilisée par la 7e compagnie FFI qui a pour ordre de retarder au maximum sa progression. Elle fait son entrée dans la ville d’Égletons vers 11 heures. La ville est vide. Les allemands se mettent à fouiller et piller les maisons. Le personnel de l’ENP est autorisé à quitter la cave de l’école. Vers 16 heures, les avions de la R.A.F. lâchent leurs bombes sur l’ENP puis mitraillent la zone de combat. Cette escadrille compte parmi ses pilotes, pour cette exceptionnelle mission de jour, deux aviateurs français libres. Jesser entre dans Égletons. Il prévoit de détruire totalement la ville par le feu, l’évolution des événements va l’en dissuader.

Durant toute la journée du 19 août 1944, les allemands s’introduisent dans les habitations et les pillent. Ils contrôlent la ville.

Le 20 août 1944, les événements, à l’échelle nationale, s’accélèrent et les allemands quittent définitivement Égletons, par la route de Soudeilles.

Enfin le 21 août 1944, la population égletonnaise retrouve ses murs, la vie reprend lentement, certains ont tout perdu, d’autres rejoignent ce qu’il reste de leurs demeures. Un grand projet de reconstruction se met en place.

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L ‘ ENP après le bombardement

  • Attribution de la Croix de guerre à la ville d’Égletons :

La Croix de guerre 1939-1945 est remise à la ville d’Égletons le 11 novembre 1948. Cette décoration militaire française permet de distinguer des personnes (civiles ou militaires), des unités, des villes ou des institutions ayant fait l’objet d’une citation pour fait de guerre au cours de la Seconde Guerre mondiale.

La ville d’Égletons a été décorée de la Croix de guerre avec étoile de vermeil avec une citation à l’ordre du corps d’armée. C’est la plus haute distinction avant celle de la palme (reçue, en Limousin, par les villes martyres de Tulle et Oradour-sur-Glane).

(source : wikipédia)

Petites animations pour les montrer la reconstruction de la ville avec des photos prisent en 2012.

 

 

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témoignage :

Le témoignage ci-dessous est extrait d’un article du « combat des patriotes » en date du 27 Janvier 1945 par un combattant du F.T.P.F ( Franc Tireur et Partisan Français )

« Il faut construire avec des mottes de terre des créneaux pour les F.M. ( fusil mitrailleur : voir photo df1 ci dessous ), afin de pouvoir tirer avec plus de sécurité.

FM

Nous apprenons que l’aviation alliés va venir ce soir bombarder l’école.

L’après-midi, une trentaine de parachutistes arrivent; ce sont les premiers soldats en uniforme que je vois depuis que je suis dans le maquis. Vétus d’une tenue de camouflage, armée de carabines américaines, de mitraillettes et de mortiers, ils vont faire du bon travail. Nous les regardons avec curiosité; de quelle nationalité sont-ils? Anglais ? Américains ? Je m’approche et je suis tout étonné de les entendre parler français.

Ce sont des soldats de l’armée d’ Afrique parachutés depuis huit jours en Haute-Corrèze.

Iles partent à l’attaque. Peut-être ce soir tout sera terminé. Vers 3 heures, l’ aviation tant attendue arrive, mais se sont toujours les appareils à croix noire qui vont faire subir à la ville un nouveau et terrible bombardement.

Le soir, les parachutistes reviennent; ils ont eu un mort et deux blessés. Patience, on finira bien par les avoir.

Jeudi 17 Aout 1944 : Nous sommes au repos dans le petit village de Masmonteil; c’est un hameau de quatre maisons placé sur la route allant à Lapleau. La bataille continue, la garnison boche reste prisonnière dans l’école. Dés le premier jour, on lui a coupé les canalisations d’eau; ils n’ont probablement plus de vivres, malgré tout ils tiennent. Des sommations leur ont été faites, mais ils ont refusé de se rendre.

Avec un camarade, je pars récupérer les deux moutons aperçus la veille. Ils sont toujours là. Avec nos ceintures, nous les attachons et essayons de les amener; c’est assez difficile, les balles sifflent aux oreilles et les bètes font des bonds désordonnés. Pour comble de veine, les bombardiers reviennent; il faut rester pendant une demi-heure cachés dans un bois, cramponnés à la toison des bètes qui cherchent à s’enfuir. Enfin nous parvenons à les ramener au village. Demain, nous aurons du mouton au repas.

D’autres compagnies arrivent au repos; le village semble être envahi par une troupe de bandits, car nous faisons piteuse mine avec nos habits en loques, nos barbes de 4 jours, beaucoup n’ont plus de semelles à leurs souliers mais personne se plaint; au contraire, le moral est excellent. Un jour ou l’autre on finira bien par les avoir.

 Vendredi 18 Aout 1944: Au réveil, nous trouvons la route pleine de monde. Chaque compagnie se replie dans un ordre qui est loin d’être parfait. Il parait qu’une colonne de blindée venant d’ Ussel descend sur Egletons; mais personne n’a d’ordre de repli; nous ne savons que faire ? Je pars vers la ville chercher les renseignements.

Il n’y a personne au P.C. du bataillon; personne au P.C. général; la ville d’ Egletons semble abandonnée. Je descends l’avenue de la gare qui passe devant l’ école; presque tous les immeubles bordant la rue sont détruits. Je file derrière les maisons, toutes les positions sont abandonnées : j’ entends des bruits de voix, j’approche; à travers les planches mal jointes d’une palissade j’aperçois trois Allemands ; ils paraissent agés d’ une quarantaine d’ années, ils ont l’ air trés fatigués, leurs traits sont tirés, leurs visages naves, las. Ils ne se méfient pas, car ils ont tous l’arme à la bretelle; l’un entre dans une maison; les autres « font » les clapiers et les poulaillers; ils mettent les volailles dans un grand sac aprés leur avoir tordu le cou.

Leur camarade ressort les bras chargés de bouteilles. Méthodiquement, maison par maison, toute la ville sera mise au pillage. Je peux arriver à m’ éloigner sans attirer leur attention. J’ aperçois, venant par la route de Neuvic, une interminable file de voiture : camions, tracteurs tirant des canons, engins blindés ; je compte plus de 80 véhicules.

Des sentinelles gardent tous les croisements; j’avance à travers bois. Sur une butte, j’ aperçois au loin une patrouille allemande précédée d’un chien; mieux vaut ne pas la rencontrer.

Vers 4 heures, sept avions aux couleurs alliés viennent bombarder l’école.

J’ arrive le soir, complètement harassé au hameau de Mortegoutte à 8 kms au sud d’Egletons; c’est là que ma compagnie et plusieurs autres sont repliées.

Tous les villages autour d’Egletons sont encore tenus par les F.F.I. La colonne descendra jusqu’à Tulle, puis, après avoir été accrochée plusieurs fois en route, reviendra à Egletons.

Samedi 19 Aout 1944 :  Le 3eme bataillon du Lot arrive en renfort; tous les hommes sont casqués et vétus d’un uniforme kaki ; on a l’impression de voir une véritable armée.

Le soir, avec quatre autres, je pars faire une patrouille de reconnaissance ; les Allemands ont installé un observatoire et une batterie de canon sur une colline dominant la ville. Nous approchons sous le couvert d’un bois de sapin. A la jumelle, l’on peut distinguer les canons et même les servants.

Mais la pluie se met à tomber, la nuit arrive et il est impossible d’ approcher. Au retour, je récupère une musette pleine de chargeurs de F.M. et un sac de grenades.

Dimanche 20 Aout 1944 : On apprend que l’ennemi abandonne la ville; la colonne remonte vers Ussel; en route, elle tombera sur plusieurs embuscades.

L’école a terriblement souffert, l’incendie, les obus, les bombes l’ont gravement endommagée.

Les Allemands sont partis en hate. Dans la cour, des caisses éventrées, des armes brisés gisent pêl-mêle ; un camion, touché par une bombe, achève de brûler.

Nous retrouvons quelques cadavres qu’ils n’ont pas eu le temps d’enterrer, tellement était grande leur hâte de partie. Nous sommes maintenant les maitres. Mais que de ruines : plus de la moitié des maisons sont détruites. A la liste déjà longue des villes martyres, Egletons vient d’ajouter son nom. »

 

 

2 commentaire de Egletons ( la ville )

  • Maingot  dit:

    Bonjour,
    Je voudrais savoir s’il est possible de disposer de clichés sur votre page Egletons. J’étais à l’ENP promo 57/62 et je cherche notamment des clichés de l’ENP bâtiment principal avant et après bombardement, la même chose pour la mairie, celle du pavillon 3 (angle est du batiment central). Je ne sais pas si vous disposez de vue aérienne… Remerciement pour une réponse mail ou autre. Cordialement.

    • admin  dit:

      Bonjour, les photos ont été prêtés pour les avoir en numérique afin de faire le morphing, je ne possède pas de photos anciennes vu que je n’en ai pas d’intérêt. Bonne journée :)

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